Les nouveautés du RGESN 2024
Nous avons publié il y a 2 semaines un article qui présentait le RGESN et l’éco-conception. Entre-temps une nouvelle version du RGESN a été publiée… et cette dernière a apporté de nombreux changements qu’il nous a semblé important de présenter.
Une nouvelle thématique : l’Algorithmie
C’est la nouveauté la plus visible !
Le RGEN n’a plus 8 thématiques mais 9 :
Cette thématique, même si son nom ne le laisse pas transparaitre, se concentre exclusivement sur l’IA et la phase d’entrainement des modèles.
C’est un choix que nous observons mais qui ne nous convainc pas forcément car nous trouvons dommage d’avoir une thématique d’éco-conception qui soit exclusivement lié à une technologie et plus spécifiquement à un aspect de la technologie. Nous espérons que dans les prochaines versions des critères liés à l’algorithmie même hors IA seront intégrés car nous savons que pour un même résultat différents algorithmes ne consomment pas les mêmes ressources.
Une notion de priorité dans les critères
Cette nouveauté est probablement la plus importante et la plus structurante du nouveau RGESN. Dans la version précédente (celle encore en ligne à l’heure où nous publions cet article), chacun des 79 critères était aussi important. Cela permettait un calcul assez simple de couverture mais, à notre sens, ne permettait pas de savoir quoi mettre en place en priorité. Ce n’est plus le cas avec cette nouvelle version !
Chaque critère a 2 paramètres :
- Une difficulté d’implémentation
- Une priorité d’implémentation
Le service numérique a-t-il été évalué favorablement en termes d¡utilité en tenant compte de ses impacts environnmentaux?
La priorité peut évidemment être sujet à débat tout comme la difficulté mais cette séparation donne des indications intéressantes en termes de priorisation pour toute organisation qui souhaite réduire l’empreinte environnementale de ses Services numériques.
De plus, ces 2 notions permettent aussi d’implémenter des actions « faciles » en premier pour mettre en avant des réussites et enclencher une dynamique.
De même, la notion de priorité permet de mettre en œuvre des couvertures intéressantes comme c’est le cas pour la norme WCAG avec les critères A, AA et AAA. Avant cette version du RGESN on avait une couverture de X% mais cette même couverture peut maintenant dire que l’on couvre 100% ou 25% des critères prioritaires.
Une réorganisation des critères
Le nombre de critères est passé de 79 à 78 avec l’ajout d’une nouvelle thématique. Il y a donc eu un vrai travail effectué sur l’organisation des critères avec :
- La suppression de certains critères
Cette suppression est souvent dû à une simplification. Il y a par exemple le critère :
« Le service numérique propose-t-il des contenus audio dont le niveau de compression est adapté au contenu et au contexte d’écoute ? »
qui a été supprimé. Il existait pour les vidéos et l’audio et n’a été conservé que pour les vidéos qui ont un impact environnemental beaucoup plus grand.
- La fusion de certains critères
Certains critères étaient liés ou assez proches. La nouvelle version a décidé de les fusionner comme c’est le cas avec le nouveau critère :
« Le service numérique met-il en place des durées de conservation sur les données et documents en vue de leur suppression ou archivage passé ce délai ? »
qui fusionne le critère de la définition des durées de conservation et la suppression effectives des données.
- La reformulation de critères
Cette reformulation est assez fréquente et a, en général, pour but de rendre le critère plus facilement compréhensible ou éviter de mettre un indicateur arbitraire dans la terminologie du critère. C’est le cas pour :
« Le service numérique est-il utilisable sur d’anciens modèles de terminaux ? »
Dans le cas de l’exemple ci-dessus ce choix a aussi ses limites car le critère devient plus « flou ». On doit maintenant se poser la question « qu’est-ce qu’un modèle ancien de terminal ? ».
- Le changement de catégorie de critères
Cela est également assez fréquent pour un référentiel déjà établi. Nous l’avons en effet recensé pour 5 critères, la plupart étant passé de la thématique de stratégie à la thématique des spécifications.
On peut notamment le constater avec le critère sur l’âge des terminaux qui a aussi fait l’objet d’une reformulation.
- La création de nouveaux critères
Avec une nouvelle thématique il ne pouvait en être autrement. Il y a de nombreux critères qui ont été créé dont beaucoup sur des technologies spécifiques qui sont l’IA et la Blockchain. Au-delà de ces critères techno-centrés il y a aussi des nouveaux critères très intéressants et qui font un lien avec l’utilisation des utilisateurs. Je pense notamment à ce critère :
« Le service numérique propose-t-il un mode « écoute seule » pour ses vidéos ? »
Ce critère se base sur une pratique répandue : écouter des vidéos (ex : de nombreuses personnes utilisent Youtube pour écouter de la musique). Dans ce cas l’image de la vidéo est inutile et il est inutile de charger l’image.
Conclusion
La nouvelle version du RGESN, même si elle garde les mêmes bases que la précédente, propose de nombreux changements structurels.
Certains vont dans le bon sens comme celui d’indiquer des priorités, d’autres nous laissent plus dubitatifs… Et c’est normal !
Le vrai intérêt est de voir que c’est un référentiel vivant, qui va encore évoluer et qui va, je l’espère, nous permettre de faire des services numériques avec une qualité plus durable.